L’épuration en Corrèze

(1944-1947)

 

Nathalie Roussarie-Sicard

 

avec la participation de Marie-Christine Lagrange

 

 

 

Été 1944 : la France se libère peu à peu mais aux images de liesse se mêlent d’autres souvenirs plus sombres et que l’on évoque rarement. Les récits concernant ce qui s’est passé en Corrèze entre 1944 et 1946, transmis par une mémoire déformée par bien des facteurs, révèlent des questions complexes.

Il faut ne pas oublier le contexte terrible de l’époque, la dimension de la haine et même de la vengeance à travers une épuration de « proximité », et une justice brutale et immédiate qui ne cessera qu’à l’automne avec l’établissement des cours de justice. Cela, malgré la bonne volonté de quelques hommes qui ont lutté pour mettre en place des institutions afin de limiter la violence habituelle des sorties de guerre. Nous devons par ailleurs prendre en compte le fait que les résistants avaient été traqués, torturés, fusillés et que les communistes avaient subi de 1939 à 1945 une répression féroce. Ce qui explique leur rancœur dans les années qui suivent la Libération, face au manque de reconnaissance de leur engagement. Ajoutons enfin le fait qu’il leur a été difficile d’échapper aux emportements de la passion, que des débordements ont eu lieu, qui ont pesé sur la mémoire collective. Tous n’étaient pas de purs héros, mais simplement des hommes. C’est cette dimension humaine que nous avons essayé de garder

Les révélations d’un résistant FTP, en mai 2023, ont entraîné de vives réactions. D’où le questionnement : quelles sont donc les raisons qui poussent, 80 ans plus tard, à refuser d’examiner les faits avec objectivité au nom de la conservation d’une mémoire qui serait salie simplement par leur évocation ? Une mémoire corrézienne apaisée est-elle si difficile à préserver ?

 

 

 

Nathalie Roussarie-Sicard, docteure en histoire contemporaine (Paris 1), est l’auteur de Les ennemis de l’intérieur. Communistes, juifs et francs-maçons en Corrèze (1934-1944), Limoges, Pulim, 2016.

 

Marie-Christine Lagrange est magistrat honoraire.

 

 

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